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Rio Dulce, le retour

Salut Ă  toi lecteur.ice de ces aventures d’un temps dĂ©sormais rĂ©volu. Le temps qui passe, d’autres pĂ©ripĂ©ties estivales, la procrastination et le retour Ă  une vie citadine dont le tourbillon m’aspire comme si je ne l’avais jamais quittĂ©e, m’ont Ă©loignĂ©e du rĂ©cit de mes voyages. Mais je le mĂšnerai Ă  son terme, jusqu’Ă  mon retour en juillet 2023, et qui sait plus loin encore, pour qu’ils vivent encore. Si tu veux te rafraĂźchir les idĂ©es sur ce que je peux bien foutre encore Ă  zoner Ă  ce Rio Dulce dont tu as peut-ĂȘtre maintes fois lu le nom, tu peux jeter un Ɠil au dernier article en date, qui relate mon sĂ©jour au Paredon en mai : https://mahautloin.danchald.com/2023/07/09/andado-el-camino-mai/

1 juin 2023. Rio dulce. Mon dernier conducteur, un dĂ©putĂ© guatĂ©maltĂšque qui m’a fait un peu conduire sa voiture, me laisse devant la marina. Je remercie encore une fois, sors ma mochila et claque la porte. La moiteur du Rio ne m’avait pas manquĂ©. La chaleur Ă©tait intense au Paredon, mais moins humide. Petite pensĂ©e nostalgique Ă  Barbas, avec qui j’étais Ă  cet endroit mĂȘme quand j’avais quittĂ© le Rio. Il y a dĂ©jĂ  plus d’un mois.

Souvenir de notre arrivée au Rio et sa luxuriance.

La Ram, marina oĂč dorment les bateaux des garçons, rentrĂ©s en Europe, cĂŽtoie Nanajuana ; c’est lĂ  oĂč je vais. Le bateau de Justine y est. Le plan ? l’y aider pendant les quelques deux semaines suivantes, avant qu’elle ne rentre en France renouer un peu avec les racines. Ça fait deux ans et demi que cette sacrĂ©e meuf est partie en bateau-stop et vit un demi-milliard d’aventures des CaraĂŻbes jusqu’au Guatemala, oĂč elle est arrivĂ©e en flottille elle aussi. J’avais dĂ©jĂ  parlĂ© de son projet dans des chapitres d’avant. Elle s’est lancĂ©e dans la rĂ©novation d’un voilier en acier qu’on lui a donnĂ©, Lady OcĂ©ane, sur lequel elle s’est investie pendant plus d’un an avant qu’on lui donne / troque un autre ketch (voilier Ă  deux mĂąts) moins abĂźmĂ©. Je ne me lancerai pas dans tous les dĂ©tails de ses projets qui ont pas mal changĂ© ou Ă©tĂ© bousculĂ©s (Ă©videmment, c’est un projet de bateau, comment pourrait-il ĂȘtre stable ?), sa chaĂźne youtube le fait trĂšs bien ; toujours est-il que je vais l’aider Ă  retaper la Baleine Blanche, le voilier sur lequel elle veut mener des projets communautaires et inviter des Ă©quipier.es Ă  trouver leur voie intĂ©rieure.

Je dĂ©barque donc sans savoir Ă  quoi m’attendre, n’ayant pas trop communiquĂ© avec elle. Je m’imagine la marina vidĂ©e de ses habitants partis pour Ă©viter la saison des pluies, ayant laissĂ© leurs bateaux au sec pour tenir la saison des cyclones. En effet la marina fait un peu fantĂŽme. La plupart des bateaux attendent des travaux supplĂ©mentaires, certains sont prĂȘts pour retourner Ă  l’eau, d’autres sont abandonnĂ©s. Tellement d’histoires dans ces marinas
 C’est sans croiser de monde que je passe voir les bateaux des garçons. Les bĂąches sont toujours bien installĂ©es, mĂȘme celle de Goelhan qu’on avait foutue bien Ă  l’arrache avec Martin. Le bordel laissĂ© au pied des bateaux plus d’un mois auparavant tĂ©moigne seul de notre passage ici – une de mes tongs, une casserole, une serviette et quelques outils trainent dans la poussiĂšre, vers l’Ă©tabli qu’Arthur avait construit en 2 temps 3 mouvements. Le calme rĂšgne.

Nouvelle communauté de gypsies

Quelques heures plus tard, alors que je migre Ă  Nanajuana, je retrouve Justine. En fait, elle est pas du tout seule ! Je rencontre Gus, un Français jeune arrivĂ© il y a quelques semaines ici et ayant sorti son bateau
 juste Ă  cĂŽtĂ© de celui de Ju. Il sort d’une Ă©popĂ©e assez unique depuis l’Europe, Ă  la fin de laquelle il a frappĂ© aux portes des ports de toute l’AmĂ©rique centrale pour dĂ©barquer un jeune HaĂŻtien qu’il a aidĂ© Ă  quitter son pays, encore une histoire de fous que je passe de dĂ©tails mĂȘme s’ils en vaudraient grave la peine. Entre leurs bateaux, je dĂ©couvre un camp de gitanos bien cool, cuisine, hamacs et tout le toutim.

LĂ  dĂ©barquent deux jeunes aux yeux brillants, Ă  l’énergie abondamment solaire et Ă  la dĂ©gaine bohĂšme. C’est Gerem, un Barcelonais parcourant le monde depuis 9 ans en stop, et Nikky, une Australienne danseuse d’une folie malicieuse. Ils viennent de traverser le continent depuis le Canada en stop et Gerem est un vieux copain de Justine. Bien sĂ»r, Ă©norme coup de cƓur pour tout ce monde qui deviendront des potes importants pour moi.

VoilĂ  comment dĂ©bute ce nouveau sĂ©jour au Rio Dulce, encore une fois avec de biens jeunes et inspirants parcoureurs des mers et des terres, chevauchant la vie avec comme mots d’ordre l’aventure et la libertĂ©. Tout ce que j’aime. Et c’est pas tout
 Un peu plus loin dans la marina, un autre groupe de six croqueurs de vie est lĂ , Ă  prĂ©parer aussi un bateau. Ju avait dĂ©jĂ  naviguĂ© avec quelques-uns d’entre eux, tout est reliĂ©. Ils s’apprĂȘtent Ă  traverser l’Atlantique tardivement pour retourner en Europe, les cales remplies de cacao. Ici au Guatemala, le cacao est considĂ©rĂ© comme une mĂ©decine spirituelle, une plante puissante qui ouvre le cƓur et cĂ©lĂ©brĂ©e lors de cĂ©rĂ©monies. Leur but, ramener le cacao dans des lieux qui sauront en faire bon usage en Europe. Leur embarcation, c’est Friendship, un cata communautaire minimaliste, bien roots, sans moteur ni Ă©lectricitĂ© avec une vieille Ăąme. On compte aussi dans l’équipe Alejandro, un jeune Mexicain bohĂšme qui joue du djembĂ© dans des bars pour continuer financiĂšrement son pĂ©riple, qui vient de se voir donner un petit voilier tout chou, Flex, par LĂ©o et Pilou, deux des Ă©quipiers du cata qui l’avaient achetĂ© une bouchĂ©e de pain en Martinique. Bref comme d’hab peut-ĂȘtre qu’on comprend rien expliquĂ© comme ça, mais y’a tellement d’histoires, de connexions et de relations entre elles que ça fait vite des jolis bazars Ă  raconter.

Je suis ravie de retourner au monde de la voile. Ça m’avait bien manquĂ© et rencontrer tous ces gens me conforte dans mon opinion sur eux/ elles : des aventuriers hardis qui me donnent des idĂ©es dans tous les sens et une Ă©nergie folle d’aller plus loin, plus profond dans la vie et ses projets.

« Ces gens-lĂ  me fascinent. », j’Ă©cris au 3 juin. « C’est le mot. Je suis tellement admirative. Ils ont une Ă©nergie complĂštement atypique et positive et dans une profondeur qui me prend presque malade de ne pas pouvoir me perdre dedans. Je voudrais des heures et des heures Ă  connaĂźtre chacun d’eux. Le mĂȘme genre de frustration de ne pas pouvoir m’y plonger, faute de temps, que celle que je ressentais au Liban. »

Travail vacances

 J’arrive pleine de dĂ©ter pour me saigner Ă  bosser sur le bateau de Ju, motivĂ©e Ă  fond pour apprendre tout un tas de trucs et me servir de mes MAINS. Mais Justine traverse une pĂ©riode pas facile pour elle, une espĂšce de burn-out des bateaux qui l’a poussĂ©e Ă  prendre un break au Paredon et un billet d’avion pour la France. Faut dire que dans ses projets dingues, elle avait Ă  un moment trois bateaux Ă  gĂ©rer. Bref, elle doit doucement fermer le chantier, j’arrive pas au pic de l’activitĂ©. Bon. Mais Gus aussi a besoin d’aide pour repeindre son bateau ! Allez, on s’y met quelques jours oĂč j’apprends Ă  le dĂ©couvrir. On se lĂšve tĂŽt pour Ă©viter les chaleurs, on mange des Ɠufs avec le cafĂ© et on se fout dans la peinture aux effluves d’acĂ©tone sous le soleil assommant avec les dĂ©cibels Ă  fond sur sa petite enceinte. Justine avance lentement mais sĂ»rement dans les soudures de son bateau, Nikky et Gerem commencent Ă  traiter le bois de sa future table de carrĂ© pour le peindre
 Le rythme est tranquille, l’ambiance est super cool, on fait des bonnes bouffes vegan – Nikky et Gerem le sont. Le soir, on joue pas mal de musique, je vais chercher les instruments de la Joia (bateau de Jordi) pour alimenter nos jams. Je dors en hamac sur le pont de la Baleine Blanche, de toutes façons il fait trop chaud et il y a des moustiques de partout. Cette chaleur, putain
 On sue tellement qu’on ne fait jamais pipi, on a si chaud qu’il faut tout le temps boire des sodas de merde en canette pour survivre, trois glouglous cul-sec et ça s’évapore de nous instantanĂ©ment. 

Puis fait tellement chaud que ça dĂ©motive Ă  s’activer. De 10h Ă  17h on se traiiiine
 Alors le week-end venu (eh oui on respecte les jours de la semaine de travail apparemment), on monde une expĂ©dition fraicheur pour fuir l’asphalte de la marina et faire un break. L’Ă©quipage du Friendship sera de la partie. On part en stop Ă  une cascade oĂč j’avais dĂ©jĂ  Ă©tĂ© avec LoĂŻc et sa toute nouvelle moto quand on Ă©tait arrivĂ©s au Rio. Sauf que cette fois-ci on va tous y dormir, au frais ! ArmĂ©s de casseroles et de hamacs, on passe de nuit au site de la cascade pour pas qu’on nous attrape – c’est interdit de camper ici. On allume un feu Ă  cĂŽtĂ© de cette magnifique chute d’eau chaude oĂč on se baigne nu.es, on s’installe pour cĂ©rĂ©monier autour du cacao et de champis. Magique nuit. On est si bien le lendemain, plus haut dans la riviĂšre fraĂźche Ă  chiller au calme avec la nature abondante, qu’on prolonge d’une deuxiĂšme nuit notre camping. Coup de vif quand Gus se fait mordre par un serpent, l’excursion se termine pas bien pour lui qui doit dĂ©camper – littĂ©ralement – Ă  l’hĂŽpital. MĂȘme si le serpent a pas eu le temps de lui injecter son venin, on le dĂ©fonce aux anti-venin au cas-oĂč : il aurait pu nĂ©croser voire mourir s’il avait la substance mortelle de la barba amarilla dans le sang.

Puis on rentre au bercail, on continue Ă  faire notre taff. Moi je gĂšre la rĂ©ception du nouveau dĂ©marreur du moteur de la Joia, quelques petites choses, puis je me mets Ă  traiter la rouille des cales de la Baleine Blanche. J’apprends Ă  utiliser la meuleuse, le pistolet Ă  aiguille et la brosse et plein d’autres trucs et produits bien toxiques, j’apprends les Ă©tapes pour virer cette foutue rouille, hantise des proprios de bateaux en acier. J’apprends aussi Ă  quel point c’est loooong
 Pour une petite partie seulement, je mets deux jours de taff ! Je suis dĂ©ter donc je m’y mets Ă  fond, enfermĂ©e dans le four qu’est le bateau, ventilo Ă  fond, casque anti-bruit sur les oreilles, bandana sur le nez pour pas avaler toute la rouille, pistolet Ă  deux mains, en essayant de pas pĂ©ter un cĂąble Ă  chaque fois que l’électricitĂ© bien merdique de la marina saute et m’oblige Ă  courir des allers-retours sur l’échelle pour tout rebrancher. C’est toute une logistique et une installation
 Je comprends maintenant la temporalitĂ© de la rĂ©novation d’un voilier. Tu prĂ©vois une durĂ©e donnĂ©e pour le retaper ? Ça en prendra le triple. C’est tout. Un voilier c’est plein de merdiers et d’imprĂ©vus. Mais en tous cas j’adore. Je suis toute crado mais je vois physiquement un avancement et ça, c’est toujours gĂ©nial.

On continue Ă  approfondir nos liens. Gerem impulse la construction d’une table communautaire en bambous dĂ©jĂ  coupĂ© et « empruntĂ© Â» dans la jungle derriĂšre la marina. Le campement se mĂ©tamorphose et commence Ă  ĂȘtre vraiment bien foutu. Une Ă©nergie artistique se dĂ©gage de notre groupe et me donne envie de jouer plus, de dessiner, de me reconcentrer sur cette partie de moi.

Anecdote bonus : un jour, je prends un des kayaks de friendships pour aller me balader une aprem, kayaks qu’ils avaient rĂ©parĂ©s mais pas trop trop bien apparemment : aprĂšs 1h d’exploration de canaux du Rio, je commence Ă  couler et me fais sauver par la lancha d’une famille guatĂ©maltĂšque qui passait par lĂ .

Retour sur l’eau avec Flex

Avec notre aide, Justine prĂ©pare son bateau Ă  l’hivernage. Comme moi, elle fait tout en stop et a l’intention de rejoindre Cancun d’oĂč son avion partira, par la force du pouce. Elle quitte le chantier et le Guatemala, et je prends les choses en main pour faire un truc que j’ai pas fait depuis deux mois et qui me manque profondĂ©ment. Un truc que tout le monde fait ici et qu’il nous est possible de faire grĂące Ă  ce qui appartient maintenant Ă  Alejandro
 je parleeeeeee bien sĂ»r de se mouvoir sur l’eau avec un bout de tissu qui se gonfle avec le vent ! Ça fait deux semaines qu’on essayait d’organiser une excursion Ă  la voile mais ça traĂźnait pas mal, Justine Ă©tant le liant de nos groupes et ses plans Ă©tant trop changeants. Alors hop lĂ , je motive Gus, Nikky, Gerem et Ale, on prend des provisions et on bouge sur Flex. Direction on sait pas trop, mais on dĂ©cidera sur le coup de viser Cayo Quemado, c’est la baie dans le fleuve oĂč on avait mouillĂ© Ă  couple avec la flottille avant d’arriver Ă  Rio Dulce.

Flex est au fond du mouillage de la marina, ce qui rend sa sortie assez technique puisqu’il faut tirer des mini bords entre plein d’autres bateaux avant d’ĂȘtre dans le fleuve. Une fois qu’on lui a montĂ© toutes ses voiles, qu’on a bu un petit coup de rhum pour fĂȘter le dĂ©part, on entreprend de le sortir complĂštement Ă  l’arrache. J’ai jamais vĂ©cu un moment autant lunaire sur un bateau. On s’agite Ă  tirer le petit voilier avec le dinghy tout pourri de Gus (qui coule Ă  moitiĂ©, Ă  chaque fois qu’on monte dedans on a de l’eau jusqu’aux genoux) dont Gerem essaie de maitriser le moteur capricieux pendant qu’on s’efforce tant bien que mal de tirer un premier bord avec Gus. C’est la premiĂšre fois que je navigue un voilier sans moteur et ça rend la chose bien plus technique et challengeante ! J’adore. Mais je m’égare puisque lĂ , c’est grave le bordel, personne ne maĂźtrise trop la chose et c’est lĂ  que Tristan dĂ©barque sur sa lancha (petite barque Ă  moteur), ce pote allemand avec qui on Ă©tait au Paredon et au Salvador ! Ca n’étonne personne qu’il apparaisse tel le Messie Ă  ce moment-lĂ  oĂč on est tous en galĂšre, la scĂšne devait ĂȘtre bien comique de l’extĂ©rieur – de l’intĂ©rieur aussi.

Il nous tire d’affaire en nous tractant pour de vrai avec son moteur bien plus adaptĂ©, et alors qu’on s’apprĂȘte Ă  se diriger vers l’est, on tombe sur LĂ©o, Pilou et Clem qui rentrent de la ville en kayak. Hop-lĂ  on les embarque et ils s’amusent Ă  faire des ronds dans l’eau – les pauvres, ils ont tellement hĂąte de se casser en transat. Puis ils sortent puisque quand mĂȘme, on a quelques miles Ă  faire face au vent et il est 18h – on Ă©tait censĂ©.es partir le midi. Bref, on s’embarque finalement pour une nav de nuit. Qui s’avĂšre ĂȘtre gĂ©niale. On est tous excitĂ©s comme des poux d’ĂȘtre sur l’eau ensemble. Nikky cuisine avec Ale dans un aqua Ă  l’intĂ©rieur, on prend la barre Ă  tour de rĂŽle et je tombe complĂštement amoureuse de ce petit bateau si pratique et si facile Ă  prendre en main. Avec Gus, on prend toutes les dĂ©cisions ensemble, il est bien plus expĂ©rimentĂ© que moi mais n’est pas du tout dans l’over control. Je me sens trop Ă  l’aise niveau navigation et suis vraiment contente de voir que je peux Ă  peu prĂšs tout gĂ©rer !

Et puis j’exulte. Retourner sur l’eau me provoque une grosse perche de dopamine. On glisse sur les eaux plates du fleuve dans le silence de la nuit, un orage au loin derriĂšre, le doux plafond des Ă©toiles, la brise du vent de face que j’avale de tous mes poumons. Puis un bon grain, je me prends la flotte cĂ©leste Ă  la barre avec Gus, et je ris fort de cette scĂšne que seules ces conditions peuvent offrir : Ă  l’intĂ©rieur, Gerem et Ale qui jouent une partie d’échec bien calmement, pĂ©tard Ă  la main dans une ambiance presque mystique Ă  cĂŽtĂ© de Nikky qui dort ; dans le cockpit, Gus et moi en train de se faire tremper jusqu’aux os et de jouer aux maracas avec les Ă©lĂ©ments. L’intĂ©rieur d’un bateau est dĂ©finitivement un endroit spĂ©cial, cocon coupĂ© de la tourmente du monde et des vents. Deux salles deux ambiances comme on dit. Ah, qu’est-ce que je me sens vivante sur un voilier. A un moment, tout le monde dort un peu de partout, et c’est moi la seule Ă©veillĂ©e Ă  la barre, la privilĂ©giĂ©e Ă  qui appartient ce moment d’éternitĂ©. Puis Gus Ă©clate ma bulle et vient discuter.

On finit par mouiller avant Cayo ; il est 3h, il continue Ă  pleuvoir et il y a plus de vent
 j’arrĂȘte de m’acharner. On finira demain matin. Tout est fluide. Au final, on y reste la nuit suivante au lieu de rentrer direct au Rio. On est bien, au calme, l’intĂ©rieur de Flex est si bien foutu qu’on y rentre tranquillement Ă  5. A Cayo, je retrouve Anna, une QuĂ©bĂ©coise adorable que j’avais interviewĂ©e au Rio et qui habite lĂ -bas. Elle nous montre les environs en lancha avec son copain guatĂ©maltĂšque, et tous les petits recoins des canaux Ă©voluant dans la mangrove et les nĂ©nuphars aux fleurs incroyables. C’est tellement beau.

Au retour pour Rio Dulce, on attache notre dinghy (une vieille planche de surf) Ă  l’arriĂšre de Flex et on surfe tirĂ©s par la force des voiles en ciseaux, gonflĂ©es par le vent d’est. Il fait beau, on est sur un beau nuage.

Mais il faut rentrer, Nikky et Gerem doivent bouger en Argentine pour le taff de Nikky et moi aussi. Ca fait quelques semaines que je suis au Rio, Gus aussi va dĂ©caler d’ici peu, Justine n’est plus lĂ  pour que je l’aide et mon retour en France approche ; il est temps que j’aille explorer d’autres cĂŽtĂ©s du Guate que le Rio Dulce et le Paredon
 Bref, il faut donner le clap de fin.

Et le clap de fin fut savoureux. A peine arrive-t-on au coucher du soleil Ă  Rio Dulce, le cƓur encore rempli de belles choses, que l’équipage du Friendship nous invite Ă  bord faire la fĂȘte. Dans les effluves de ti-ponch, on sort nos instruments comme d’habitude et je vis la MEILLEURE jam de ma vie. On aurait pu sortir un album, tout le monde Ă©tait tellement bon dans ce qu’iel jouait. Comme habitĂ©e par le groupe et l’instant, je frappe la derbouka avec un plaisir dĂ©licieux partagĂ© dans la symbiose collective. Mais bien que gravĂ© dans l’éternitĂ©, ce moment n’existera que dans nos pauvres mĂ©moires si mallĂ©ables et dĂ©sagrĂ©geables – personne n’a ni enregistrĂ© ni filmĂ© la scĂšne. L’art, le prĂ©sent, l’art du prĂ©sent. C’était tellement bon qu’on s’est retrouvĂ©s Ă  la fin hagards, le sourire aux oreilles, complĂštement stones de cette vibration musicale. Un plongeon dans l’eau et un rhum cacao nous ont rendu la parole.

La navigation de Flex fut le point culminant de mon second passage au Rio, la touche d’intensitĂ© parfaite pour me donner un souvenir impĂ©rissable de mes ami.es et pour me mettre dans cet Ă©tat nostalgique que j’aime tant, celui qui accompagne la fin des chapitres forts. Ces quelques semaines m’ont donnĂ© cette Ă©nergie de vivre dont le voyage a le secret, cette gniaque presque enragĂ©e qui habite en entier lorsque l’on vibre avec les autres autres et leur vĂ©cu, Ă©nergie furieuse de ne pas pouvoir animer plusieurs vies simultanĂ©es. Je me suis sentie tellement inspirĂ©e, tirĂ©e vers le ciel par ces aventuriers fous que rien n’arrĂȘte avec qui je me sentais Ă  ma place, lĂ  oĂč je devais ĂȘtre. LĂ  oĂč je devais apprendre, nourrie de la voile, des habitants de son monde et tout ce qui gravite autour.

Je repars le lendemain en stop, comme d’habitude. Mais cette fois, je suis entourĂ©e de deux potes pour lesquels aussi, le stop est coutume installĂ©e. On part avec Nikky et Gerem direction Guatemala city, d’oĂč ils partiront en avion – dĂ©goĂ»tĂ©s de devoir le faire, et d’oĂč je continuerai seule. Mon objectif : le mythique et mystique lac Atitlan, entourĂ© de volcans, terre de feu aux ancĂȘtres mayas et dont les habitants perpĂ©tuent encore les rites et cultures. Qu’est-ce que je vais y faire, je sais pas encore, mais trois semaines seulement me restent avant de retourner Ă  ma vie française.

Hasard peut-ĂȘtre, mais on se fait dĂ©poser Ă  la nuit tombĂ©e au mĂȘme endroit oĂč j’avais campĂ© avant d’arriver au Rio Dulce. Sous la pluie, on retourne Ă  cette maison plus ou moins abandonnĂ©e pour y passer la nuit, avant de se sĂ©parer le lendemain. (Je passe mĂȘme les dĂ©tails du stop maintenant, terrible comment on s’habitue. Ah tiens non, petite anecdote cadeau : on s’est fait conduire par un coyote, un passeur qui Ă©tait sur le retour de la frontiĂšre du Mexique, et qui nous a pas mal parlĂ© de son travail illĂ©gal.) Gerem et Nikky me font cadeau d’un collier qui a traversĂ© le monde, je lui ferai voir encore plus de paysages. On s’étreint. On se reverra c’est sĂ»r. Ils m’ont marquĂ©e.

Et moi, de migrer vers un tout nouvel endroit, le sac sur le dos, le cƓur ouvert j’espĂšre, dĂ©terminĂ©e Ă  ce qu’une apothĂ©ose me tombe dessus pour la fin de mon pĂ©riple


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Une tribu au Guatemala

02.04, 13h. On a quitté Guanaja ce matin.

Les cĂŽtes du continent sont apparues. Continent !! Ça fait longtemps que j’ai pas touchĂ© un continent, peut-ĂȘtre six mois en fait. Wahou. On distingue sommairement un bleu plus foncĂ© que le ciel Ă©mergeant de l’horizon, dĂ©coupĂ© en reliefs montagneux avec pour chapeau des nuages terriens, Ă  bĂąbord. A tribord les Ăźles du petit archipel hondurien auquel appartient Guanaja.

On a plus de gaz et j’ai faim, on va se nourrir de semoule et lĂ©gumes crus jusqu’à l’arrivĂ©e. [Heureusement que la nav durait moins de 48h. Ça m’a Ă©vitĂ© de penser Ă  bouffer Martin]

17h. Goelhan avance bien, 6 nƓuds de moyenne dans une mer plutĂŽt plate, gĂ©nois tangonnĂ© Ă  tribord, grande voile Ă  bĂąbord. Le vent nous pousse inexorablement vers l’ouest depuis la RĂ©publique Dominicaine. Mais cette Ă©poque touche Ă  sa fin, et trĂšs vite les flots atlantiques mourront sur les cĂŽtes du continent et cette poussĂ©e folle des alizĂ©es s’Ă©touffera. La fin. Le continent. On est en train de passer la pointe de l’Ăźle suivant Guanaja. La suivante sera Ă  tribord, peut-ĂȘtre. Puis ça sera le Guatemala.

Comment sera mon voyage sur terre ? [
]

Mes compagnons me manqueront. Jordi, mon catalan de cƓur dont les yeux clairs et le charisme dreadeux soulignent sa droiture, son humanitĂ© et sa dĂ©termination pleine de rigueur. Dijo le kiffeur, petite boule de vie et d’enthousiasme, d’idĂ©es et de lĂ©gĂšretĂ©. Martin, d’une gĂ©nĂ©rositĂ© et d’un humour que j’ai rarement croisĂ©s. Arthur, authentique boute-en-train casse-couille sur les bords mais je l’aime pour ça, qui recherche de l’amour autant qu’il en donne. L’autre Martin, le rationnel, l’esprit d’une logique diffĂ©rente que j’aime essayer de comprendre. Flo, Flo la prĂ©sence rĂ©confortante et le sourire, la profondeur et l’humilitĂ©. Jean, sa douceur, son attention, sa prĂ©sence. LoĂŻc, le tempĂ©rĂ©, l’intĂ©ressant et curieux LoĂŻc. Nemo le fougueux, l’artiste, le baroudeur de vie. Margot et sa facilitĂ© d’accĂšs, son avenance. Laurent et ses histoires, son Ă©nergie de don, de complicitĂ© et d’abondance.

Je les aime tous, chacun diffĂ©remment. Et si la vie tous ensemble inflige parfois beaucoup de questionnements, je me sens nue et vide Ă  l’idĂ©e de leur absence.

1h30. L’impression d’ĂȘtre un bolide lancĂ© Ă  pleine balle sur l’autoroute. Pourtant quand je regarde les stats sur navionics on depasse pas les 5.5. Il doit y avoir un truc universel pour que les moyennes descendent en deux secondes et bien plus rapidement de comment elles montent. Connasses. En tous cas on se fait un peu dĂ©gommer par le vent. Je suis en quart et j’Ă©cris, mais je suis tellement fatiguĂ©e. Je pique du nez Ă  fond mais je devrais pas dormir.

03/04 9h30. Une odeur spĂ©ciale ramenĂ©e par un vent du sud m’a frappĂ©e ce matin. Une odeur fraĂźche, une odeur terrienne. Bien sĂ»r, c’est si on oublie l’odeur infernale de curry – un pot s’est renversĂ© pendant le coup de vent de cette nuit.

16h50. Guatemala Ă  bĂąbord. De plus en plus d’objets terrestres parsĂšment les vagues : des feuilles, des trucs… Des cargos aussi, beaucoup, et quelques petits Ăźlets. Le vent a un peu repris aprĂšs quelques heures de pĂ©tole ce matin. C’est fou comme la mer se transforme vite et retrouve un aspect formĂ© en quelques heures de vent.

19h. Le soleil s’est couchĂ© de ses plus belles couleurs : son rouge se mĂ©langeait avec un violet vers l’horizon et un orange flamboyant Ă  sa tĂȘte. C’est peut-ĂȘtre le dernier coucher de soleil – j’ai failli tomber par dessus bord- que je vois en mer avant bien longtemps. Demain, on entrera en zone fluviale… dans les mĂ©andres du continent.

J’ai peur je crois, de ce changement. ApprĂ©hension de la fin, de la transition. LĂącher prise…

On est a 10 miles. On arrive.

20h. La Joia est derriĂšre ! C’Ă©tait donc bien elle, le trait de voiles blanches qu’on voyait minuscule sur l’horizon. Elle se fait reconnaĂźtre par sa familiĂšre lumiĂšre clignotante du haut du mĂąt, avec la nuit.

C’est une sensation si agrĂ©able de switcher du short au pantalon et d’enfiler un pull pour se lover dans le cockpit quand le soir et sa fraĂźcheur s’installent. Finalement, j’aurai pu passer une autre nuit en mer. Et je suis bien dans ma cabane – cabine.

21h30. La lune Ă©claire notre mouillage qui se rapproche. Les cannes Ă  pĂȘche de Martin chantent en cƓur, les cordes vocales animĂ©es par l’immiscion d’une douce brise tiĂšde. Vent au prĂšs, incroyable. Ça fait si longtemps qu’on ne navigue plus qu’en vent arriĂšre, le soleil couchant comme guide. Le souffle nous amĂšne des effluves florales chaudes et rondes, les premiĂšres d’un continent.

22h30. L’ancre est mise, Gwaaatemala ! Le Mojo est arrivĂ© avant nous de quelques heures. La Joia approche silencieusement. Je voudrais qu’on se retrouve sur l’un des bateaux mais tout le monde est assez KO… Tout pareil. La question est de savoir si on bouge Ă  Livingston demain Ă  la marĂ©e haute trĂšs tĂŽt, ou plus tard…

On s’est arrĂȘtĂ©s dans une petite baie pour y passer la nuit avant d’attaquer ce fameux chenal jusqu’à Livingston, ville porte d’entrĂ©e du Rio Dulce. Ce passage de la mer au fleuve est formĂ© de courants particuliers qui remuent la vase, et donc qui le rendent trĂšs peu profond. Avec Goelhan, le plus petit de la flotille, on passe sans problĂšme. La Alegria nous a prĂ©cĂ©dĂ©. Mais le Mojo doit attendre la marĂ©e haute et Jordi prĂ©fĂšre faire pencher la Joia pour passer.

Puis c’est le pied Ă  terre, sur le continent amĂ©ricain. On est arrivĂ©s. Mais pas encore Ă  Rio Dulce, ville qui borde le fleuve du mĂȘme nom, et oĂč la Ram marina nous attend pour sortir les bateaux de l’eau.

On dĂ©couvre Livingston – qui ne fait pas un Ă©norme contraste avec la Rep Dom -, l’ambiance du Guate, l’AmĂ©rique Latine.  Une fois les papiers faits (Ă©tape bien moins reloue qu’en JamaĂŻque), on fĂȘte notre arrivĂ©e, les garçons passent l’aprem au bar, moi je me balade un peu quand mĂȘme histoire de, et on se familiarise avec les discothĂšques locales qui bordent la plage le soir de notre arrivĂ©e.

Retrouvailles

Le lendemain, on relĂšve l’ancre pour un moment historique de notre communautĂ© : l’entrĂ©e du Rio Dulce.

Le Rio

05/04 23h30. On est pas seulement sur le continent mais Ă  l’intĂ©rieur, lĂ  oĂč l’eau persiste. Rio dulce.

Notre entrĂ©e dans le fleuve Ă©tait mythique. La flotille, 4 bateaux ayant quittĂ© la mer pour la jungle comme dĂ©cor, Ă  se suivre dans les profondeurs du Rio. Petit coup de fouet d’Ă©merveillement en passant les premiers coudes. Quel dĂ©cor extraordinaire et quelle symbolique de finir par les terres. La boucle est bouclĂ©e


On est au mouillage Ă  l’intĂ©rieur du fleuve, qui nous a avalĂ©s pour nous traverser de son ambiance luxuriante et mystĂ©rieuse. Dans une petite baie, on s’est mis Ă  couple avec la AlegrĂ­a et le Mojo. Une grande communautĂ© flottante avec 3x plus d’espace. On a aussitĂŽt fait l’apĂ©ro sur le mojo. On est allĂ©s checker le bar sur pilotis d’a cĂŽtĂ© et on a trouvĂ© des vieux pirates loups de mer qui zonent lĂ  depuis des annĂ©es. Puis on a mangĂ© ensemble une bouffe de NoĂ«l.

Finie l’eau salĂ©e, place Ă  l’eau douce. Mes cheveux sont tout doux. Nager est beaucoup plus difficile sans le sel et le savon mousse…

Mais putain, c’est fini la mer. J’ai du mal Ă  rĂ©aliser que c’est la fin de cette aventure, cette Ă©popĂ©e jusqu’au Guatemala. On arrive au bout de ce chapitre, chapitre avec les copains depuis la Martinique en janvier, chapitre en voilier depuis octobre en France. Ça fait une sacrĂ©e charniĂšre. À ouvrir une autre page. Je suis nostalgique dĂ©jĂ , la mer va me manquer tant ! On verra, peut-ĂȘtre l’oublierai-je vite. mais j’en doute.

Rio Dulce, ses grandes murailles de jungle, son eau paisible, ses cabanes qui lient la terre et l’eau. Émerveillement.

Le lendemain, on repart le matin pour parcourir les derniers miles qui nous sĂ©parent de notre marina. Avec Flo, on quitte notre mouillage en dinghy avant les autres pour explorer les cĂŽtes du fleuve, avant de rejoindre Ă  la volĂ©e les bateaux qui continuent leur route. Puis pour ces derniers miles, on saute d’un bateau Ă  l’autre, on se fait tirer en paddle, bref, des vraies gosses qui jouent de cette nav sur une eau plate.

07/04 1h11. Au mouillage Ă  la Ram marina, Ă  Rio Dulce. Hier Ă  la mĂȘme heure, on Ă©tait en dernier mouillage camping sauvage. Aujourd’hui, l’ancre est mise Ă  la destination finale, lĂ  oĂč les bateaux vont quitter leur Ă©lĂ©ment symbiotique pour quelques temps, et l’aventure avec. En pause. Pour eux. Moi, c’est plus une fin qu’une pause.

Ici, les voiliers sont partout, une sorte de Marin du Guatemala en plus petit. Autant de bateaux que d’histoires… L’entrĂ©e dans la marina avait un goĂ»t d’amertume indissociable de la fin d’un Ă©pisode. Cet aprĂšs midi, j’Ă©tais hagarde. On errait dans la ville, et je me sentais complĂštement aliĂ©nĂ©e par la folle agitation foisonnante qui nous pressait de tout son poids. Quel contraste par rapport Ă  nos stops rĂ©cents. La perspective de la fin m’a rendue pensive et boudeuse. Les plans continuent avec les membres de la flottille, mais bientĂŽt ils seront plus lĂ  et commencera quelque chose de neuf.

D’ailleurs putain, j’ai rencontrĂ© Justine, celle qui m’a plantĂ© la graine de la transat en bateau stop il y a trois ans, quand j’Ă©tais sur le point de partir au Liban. Quelle boucle ! Je rencontre celle par qui tout a commencĂ©, Ă  la fin de mon pĂ©riple de quasi 6 mois Ă  la voile. La vie est bien faite, de m’avoir amenĂ©e Ă  elle. Six mois eh ! J’ai quittĂ© la France mi-octobre. Des miles et des aventures.

Ces aventures aquatiques se terminent donc petit Ă  petit
 Je rĂ©flĂ©chis en toile de fond Ă  la suite de mes aventures, quand tout le monde sera parti. En attendant, nos quatre navires se font sortir un par un de l’eau, pendant qu’on se familiarise avec le chantier de la Ram marina. Goelhan est l’un des derniers, et pendant que Dijo commence Ă  refaire une beautĂ© rouge Ă  la Alegria avec l’aide de Martin et Flo, que Jordi et Jean commencent Ă  poncer l’antifouling* de la coque jusqu’à la fibre pour traiter l’osmose** de la Joia, on part pour naviguer deux petits jours sur le lac Izabal qui suit le Rio avec Martin et le Mojo.

*une peinture méga toxique dont les coques sont recouvertes pour chasser les algues et coquillages, qui abiment et ralentissent le bateau.

 **une espĂšce de maladie de bateau en fibre de verre, quand l’eau s’infiltre et creuse de l’intĂ©rieur. A peu prĂšs.

Le chantier

Puis c’est le tour de Goelhan et du Mojo. Ça y est, on est tous Ă  terre. Le gris des graviers remplace le bleu de l’horizon, on est Ă  4 mĂštres du sol, on ne bouge plus. On range, on attrape les ponceuses et on commence Ă  virer l’antifouling du Goelhan avec Martin. Je prĂ©cise qu’on doit l’enlever pour le renouveler assez rĂ©guliĂšrement, et laisser les bateaux aussi longtemps en hibernation – les garçons reviennent vers octobre au Guate aprĂšs leurs saisons respectives en Europe – est une bonne occasion de tout remettre au propre.

Il fait tellement chaud qu’on est obligĂ©s de boire des trucs frais en permanence. Soda, on bosse, on ponce beaucoup, on plie les voiles, biĂšre fraĂźche, on sort les chaines de mouillage, on nettoie tout, on fait quelques fĂȘtes dont l’anniversaire de Jean qui cĂ©lĂšbre le passage Ă  la 32e annĂ©e de sa vie, on fait des barbecues le soir avec nos nouveaux copains copines.  

11/04. Le chantier. J’adore les chantiers. Tout le monde s’affaire, est sale, fait des pauses, reprend, boit des biĂšres, prend des astuces, emprunte des outils, continue. J’apprends ce qu’est l’osmose, l’époxy, plein de trucs. On se lĂšve, se croise, passe d’un bateau a l’autre ou d’un plan a l’autre. J’ai pas envie que ça se termine. J’adore ça. Mais Laurent part bientĂŽt, puis LoĂŻc, puis ça sera le surf. Alors j’essaierai de rendre cette semaine Ă©ternelle.

C’est donc ainsi qu’on s’insĂšre dans cette dynamique active du chantier (qui me rappelle d’ailleurs beaucoup le chantier Offre Joie auquel j’avais participĂ© Ă  Beyrouth) oĂč tout le monde se lĂšve tĂŽt avant les grosses chaleurs de midi pour avancer sur son bateau. Je dĂ©couvre l’amont de la navigation : le travail. A chaque bateau que j’ai foulĂ©, je n’ai jamais que profitĂ© de son effectivitĂ© : soit il Ă©tait dĂ©jĂ  Ă  l’eau, soit il se faisait mettre Ă  l’eau, comme c’était le cas pour Adishatz, mais j’arrivais aprĂšs tout le travail. C’était une vision incomplĂšte que j’avais du monde de la voile ; on ne se rend compte que lorsqu’on reste dans un tel chantier Ă  quel point un voilier, c’est du taff. LĂ -bas, on rencontre beaucoup de monde qui bosse depuis des annĂ©es sur leur bateau ! D’ailleurs, on a affaire Ă  beaucoup de jeunes, dont Justine, qui m’impressionnent et m’inspirent par leur expertise et leur projet. Trop un kiff de voir autant de voileux de la vingtaine, qui s’activent pour aller au bout de leurs idĂ©es !

Goelhan, Joia, Alegria ON THE GROUND

14/07. Petit coup nostalgie en regardant Goelhan depuis la proue ce soir, comme j’aimais le faire en nav quand j’allais Ă  l’avant. Voir le bateau en entier de devant, ça changeait de la vision qu’on en a toujours depuis le cockpit. Mais lĂ … Pas besoin de s’accrocher aux haubans ni Ă  tout ce qui traine, j’Ă©tais lĂ , debout sur le bateau parfaitement immobile, contemplant les nĂ©ons au lieu des Ă©toiles, le gris du chantier gommant la mer. Fini, tout ça. Et ça me manque dĂ©jĂ . Et si je plaquais tout et je faisais une transat retour ??? J’aurais un Ă©tĂ© en France… Mais bon. Je suis lĂ  et il me manque tout un pan du voyage. J’ai encore Ă  vivre ce qui lui donnera de la perspective et du sens, au voyage et Ă  ce que j’en ai fait pour l’instant.

La nostalgie de la mer reste en toile de fond mais l’activitĂ© la tempĂšre, et surtout, je suis encore avec les personnes qui ont peuplĂ© le monde qu’on s’est créé pendant ces quatre mois. Notre flottille aquatique devient une tribu terrestre. LĂ  oĂč nos bateaux sont sortis, c’est assez vide. Bien sĂ»r, on met rapidement un bon bordel et on squatte tout l’espace en se crĂ©ant un coin cuisine, un coin sieste, un coin film
 Dijo fait pendre sa grande voile dĂ©chirĂ©e de la Alegria, on met un vidĂ©oprojecteur, les matelas des bateaux par terre, et on se fait des soirĂ©es films en rejoignant les bras de MorphĂ©e les uns contre les autres.

La raison de toute cette effervescence assez dynamique, c’est que les garçons veulent rapidement quitter le Rio pour aller surfer sur la cĂŽte Pacifique du Guate avant de rentrer en Europe. La perspective du surf trip a de quoi booster les accros des vagues. Les dĂ©parts se font progressivement, les au-revoirs Ă  certains, les Ă  dans quelques jours pour d’autres. Je dĂ©cide de rester pour rĂ©gler quelques trucs, Ă©crire tranquillement sans ce bourdonnement du groupe qui laisse moins de place au calme.

Et puis
 L’aventure m’appelle. Je suis au Guatemala, en AmĂ©rique centrale, et je n’en connais encore rien ; je suis dans ma famille confortable de copains francophones, mais j’ai bien envie de partir au pouce expĂ©rimenter le pays.

C’est lĂ  que le personnage principal de mon bouquin re pop-up ! Vous l’aurez devinĂ© j’espĂšre
 Barbassss !! Les chiens ne sont pas acceptĂ©s dans les bus au Guatemala et Jordi cherche une solution pour l’embarquer au ParedĂłn, le spot de surf choisi sur la cĂŽte Ă  l’extrĂȘme opposĂ© du Rio Dulce. On fait le deal parfait : el catalan prendra le bus en embarquant « ma » planche attitrĂ©e, et moi je prendrai mon pouce avec Barbas comme compagnon de stop. EnchantĂ©e Ă  l’idĂ©e de reprendre la route et qui plus est, avec un perrito, je prĂ©pare mon dĂ©part.

Je tiens Ă  prĂ©ciser que Martin et Flo achĂštent un putain de bateau en arrivant au Rio !! Ils avaient l’idĂ©e de le faire dans quelques annĂ©es, et avoir naviguĂ© sur la Alegria les entraine Ă  finalement tout plaquer et acquĂ©rir un trĂšs beau voilier de 42 pieds tout Ă©quipĂ©. Ils filent en Suisse pour faire des sous cet Ă©tĂ© pour payer la merveille
 Ils seront de l’aventure quand les garçons reviendront bosser sur leurs bateaux cet automne.

18/04. Et voilĂ , je suis la derniĂšre de la flotille. Ils ont quittĂ© un Ă  un, Nemo et Margot, Laurent, Dijo et Martin, Jordi et Jean, Flo et Martin, LoĂŻc aujourd’hui [avec sa moto fraichement acquise : aprĂšs le bateau-stop, il veut traverser l’AmĂ©rique Latine du nord au sud sur deux roues !!]. Et moi, seule avec 4 bateaux fantĂŽmes, je suis encore au chantier.

Normalement, je reviendrai au Rio Dulce un peu plus tard, pour aider Justine sur tous ses projets de rĂ©novation de voiliers, que vous pouvez checker sur sa chaine youtube. C’est un sacrĂ© bout de meuf avec une bonne dĂ©ter et je dĂ©cide de lui donner un coup de main je sais pas trop quand avant de rentrer au bercail !

Mais lĂ , c’est mon tour. Je dis au revoir aux nouveaux amis du chantier – beaucoup de francophones d’ailleurs – et je fais mon sac pour prendre la route terrestre pour la premiĂšre fois depuis longtemps.

Ready to GO

C’est parti, je tends le pouce un beau matin. Des GuatĂ©maltĂšques bien aimables, deux ou trois camions, un chapeau trouvĂ© au chantier oubliĂ© dans l’un deux, un don de casquette et un stop pour manger avec Barbas plus tard, j’arrive Ă  la capitale du pays. Il est 18h, je n’aurai pas le temps d’arriver au ParedĂłn avant la nuit, alors je dĂ©cide de fractionner mon trajet. Par contre, les grosses villes, trĂšs peu pour moi. Je regarde une carte et je vois que je suis proche d’Antigua, une ville bordĂ©e de volcans dont j’ai entendu parler. Allez Barbas, on dormira lĂ -bas ce soir. Je me retrouve Ă  l’heure de pointe dans Guate Ciudad Ă  slalomer entre les voitures sur une moto, avec mon conducteur, un Barbas, mon gros backpack et moi. Ça me fait bien marrer. Je suis heureuse de retrouver le stop. Quand ça fait trop longtemps que j’en ai pas fait, je sens le besoin de ma dose de provoc envers la vie et d’accueil de l’imprĂ©vu.

Acatenango

20/04. Je suis à Antigua, loin de Rio dulce. Je me réveille dans un hostel un peu en bug. Déjà il fait froid, sensation oubliée, ensuite je suis dans un vrai lit.

Hier soir j’ai un peu rĂ©alisĂ©. C’est la premiĂšre fois que je dors en hostel seule, alors que c’est la normale pour les traveleurs de mon genre. Ça marque un avant goĂ»t de la rupture de quand les garçons partiront. Je suis plus sur les mers, sur les bateaux. Les gens de bateaux ont quelque chose en plus. L’aventure, la vraie. J’ai compris ça aussi en discutant avec une fille de l’hostel. Les voileux ont vraiment parcouru, improvisĂ©, rencontrĂ© toute sorte de situation improbables ou urgentes.

Bref ça me manque, dĂ©jĂ . Alors aujourd’hui je dois me dĂ©cider, soit je rejoins tout le monde Ă  el ParedĂłn ce soir, soit je me chauffe Ă  gravir un volcan pendant deux jours.

En effet, l’ascension du volcan Acatenango est l’attraction du coin. A presque 4000 m, il offre une vue imprenable sur le Fuego, un autre volcan qui rentre en Ă©ruption toutes les cinq Ă  quinze minutes. Des hordes de touristes et de jeunes backpackers le gravissent chaque jour, attirĂ©s par la vision de la lave ; le spectacle de ce phĂ©nomĂšne naturel en fait une Ă©tape incontournable du Guatemala pour beaucoup. Pour faire l’excursion, il faut booker une place par une agence – il fait suuuuper froid en haut, c’est pas trop envisageable de le faire de son cĂŽtĂ© Ă  moins d’ĂȘtre sacrĂ©ment Ă©quipĂ©e. Il faut donc passer par des guides qui emmĂšnent chaque jour des groupes d’une vingtaine de voyageur.ses sur les pentes du volcan ! LĂ -haut, ils ont des espĂšces de campements bien foutus pour accueillir tout ce peuple.

 Vous l’aurez compris, je me chauffe sur un coup de tĂȘte Ă  aller voir ce qui se passe sur l’Acatenango. Je rejoindrai les copains dans quelques jours, j’ai estimĂ© que le fomo n’était vraiment pas une bonne raison de retrouver le groupe direct. J’appelle donc mon copain Tristan (coucou !) qui Ă©tait au Guate il y a un an, il me donne le contact de la compagnie avec laquelle je monterai le lendemain.

Barbas a l’air pas super bien en point ces jours-ci. J’imagine qu’il est triste de l’absence de Jordi, mais je sais pas bien quoi faire – je rappelle que je sais pas m’occuper d’animaux haha. Sauf que Barbas est un chien spĂ©cial, un chien un peu humain, au comportement bien diffĂ©rent de ses congĂ©nĂšres collants qui demandent trop d’attention. Je l’aime, ce Barbas indĂ©pendant qui me fout la paix, on s’entend bien. Je me dis qu’il sera content de cette bonne ballade et je l’embarque en lui achetant trois tonnes de bouffe pour le booster un peu. Ma maniĂšre de rĂ©soudre le problĂšme. Au final, dĂšs les cinq premiĂšres minutes de la montĂ©e, le perro normalement tout guilleret Ă  montrer le chemin, se retrouve complĂštement Ă  la ramasse derriĂšre. Il a l’air Ă©puisĂ©, aucun moyen de le faire bouger, il se pose sur le chemin et s’arrĂȘte. Merde ! Impossible de le porter jusqu’en haut, c’est sĂ»r. Un guide descendant me propose de le garder jusqu’au lendemain, ce que j’accepte avec joie. J’aurais quand mĂȘme bien kiffĂ© ĂȘtre accompagnĂ©e de lui !  

Je suis un peu toute bousculĂ©e de me retrouver dans cet environnement tout touristique mais franchement aprĂšs-coup, ça valait vraiment le coup. On monte sĂ©vĂšre mais pas trop longtemps, puis Ă  la fin de l’ascension, on se retrouve nez-Ă -nez avec le fameux Fuego, crachant rĂ©guliĂšrement sa fumĂ©e boursouflĂ©e avec un bruit de souffle impressionnant.

Le soir, la brume s’installe et on est tous déçus de ne pas pouvoir voir la lave jaillir de son cratĂšre. Je mets un rĂ©veil dans la nuit pour checker son Ă©tat
 J’ai bien fait. J’ouvre la porte de ma cabane la tĂȘte dans le fessier et ce que je vois me rĂ©veille d’un coup, je lĂąche un grand « putain », j’attrape mon Fuji pour faire des poses longues avant de m’empresser de rĂ©veiller mes compĂšres de cabane. Il faut qu’ils voient ça.

Le souffle est tĂ©nĂ©breux, la lave jaillit majestueusement et retombe en coulĂ©e sur les flancs du Fuego, tout ce spectacle surplombĂ© d’une voĂ»te cĂ©leste digne de celles observĂ©es sur les mers, les nuits sans lune. Magique.

Quelques heures plus tard, on se lĂšve encore dans l’obscuritĂ© nocturne pour marcher et admirer le soleil se lever du sommet de l’Acatenango.

22/04. Ce matin je voyais le lever de soleil sur un volcan en Ă©ruption, par -10°. Ce midi je buvais une biĂšre sur une terrasse d’Antigua dans un bar de gringos avec des backpackeurs qui voyagent pas comme moi sur lesquels j’avais plein de prĂ©jugĂ©s mais au final des gens trĂšs cools, de mon groupe du volcan. Cet aprem je me sentais comme la reine du monde dans la remorque d’un pickup au milieu de bouteilles de gaz avec Barbas, stop pour quitter Antigua. Vingt minutes plus tard, je me sens comme une bonne merde sous la pluie, dĂ©posĂ©e sur l’autoroute, Ă  essayer d’arrĂȘter des voitures. Puis je me retrouve Ă  l’arriĂšre d’un pick-up sous une saucĂ©e cĂ©leste Ă  parler avec un GuatĂ©maltĂšque tout percutant. Puis je stoppe en dĂ©tresse dans un petit bled et une famille fait une heure de route en plus pour m’amener… C’est les montagnes russes. J’ai dormi 4h Ă  peine, je me suis rĂ©veillĂ©e Ă  minuit pour admirer le ciel tout dĂ©gagĂ© laissant apparaĂźtre des milliers d’Ă©toiles et le majestueux Fuego en Ă©ruption, Ă  me cailler le cul Ă  le prendre en photo. La vie est belle et intense mais j’ai parfois du mal Ă  la suivre. Et maintenant je rejoins les gars que j’ai pas vus depuis une semaine, j’ai l’impression que ça fait des mois. J’ai tellement bien fait de monter ce volcan. Ces gens avec qui j’ai montĂ© m’ont permis de faire cette transition, m’ont ouvert la porte que je me refusais Ă  ouvrir de mon voyage terrestre. Merci Ă  eux et elles.

Je sais pas si je me refusais Ă  ouvrir cette porte, comme je l’ai Ă©crit, mais ce qui est sĂ»r c’est que j’avais bien du mal Ă  me projeter sur terre, Ă  relancer mon backpack sur le dos et partir. Cette excursion Ă  l’Acatenango m’offre un avant-goĂ»t de mes aventures hors de la flottille. Je devais m’approprier cette nouvelle dimension de mon voyage, en solitaire ; tout Ă©tait possible, et encore plus lorsque les copains partiraient. Je dĂ©couvre aussi sur ce volcan, le monde des backpackeurs d’AmĂ©rique centrale, qui souvent descendent ou remontent cette partie du continent en quelques mois selon des itinĂ©raires assez courants. Je rencontrerai par la suite de mon voyage Ă©normĂ©ment de voyageurs de ce genre. Des belles rencontres, souvent Ă©phĂ©mĂšres, qui se font beaucoup dans les hostels, que j’essaie quand mĂȘme d’Ă©viter. Beaucoup de filles Ă  peu prĂšs de mon Ăąge ou un peu plus vieilles aussi, qui se font leur premier voyage en solo.

Mais ça, c’est pour d’autres Ă©pisodes. Pour l’instant, je me dirige vers le ParedĂłn pour cette derniĂšre semaine avec mes pirates chĂ©ris.  

Gaz stop – Barbas KO dans le back

El ParedĂłn

Le ParedĂłn, petit village de paradis sur le Pacifique. C’est un endroit encore authentique – je parie pas sur ça dans 10 ans – mais qui attire les touristes surfers du Guate pour ses vagues et sa longue plage. J’aurai l’occasion de revenir sur la description de cet endroit magique puisque ma route y reviendra et me le fera dĂ©couvrir plus en profondeur. Pour l’instant, je dĂ©barque dans la maison au toit typique de palmes tissĂ©es que mes copains ont louĂ©e pour une semaine.

LĂ -bas, on surfe, on fait la fĂȘte, on profite de nos derniers instants tous ensemble. La plupart chope une maladie qu’on appellera la mangolite, puisqu’elle provoque une bonne diarrhĂ©e qu’on soupçonne venir de la quantitĂ© Ă©norme de mangues qu’on mange tous les jours, la maison Ă©tant situĂ©e devant une dizaine d’arbres. Finalement, ça s’avĂšre plutĂŽt ĂȘtre un virus que j’attraperai aussi par la suite et qui met bien KO.

Dijo et l’arme du crime

Bref, la fin est intense et je suis dans la reconnaissance de toute cette aventure extraordinaire qu’on a vĂ©cue ensemble. Les bateaux semblent dĂ©jĂ  loin. On rencontre pas mal de monde au ParedĂłn, mĂȘme si ma team me suffit. Un Ă©lĂ©ment extĂ©rieur bien familier rentre dans cette petite bulle : Nico, un copain rencontrĂ© au Liban il y a trois ans avec qui j’étais en coloc à Beyrouth ! En train de tripper en AmĂ©rique Centrale, il arrive au bon moment au ParedĂłn pour qu’on se retrouve. Je lui prĂ©sente toute ma petite famille, c’est assez drĂŽle comme assemblage.

Puis tout s’accĂ©lĂšre. Roxane, une amie rencontrĂ©e au Rio, part bientĂŽt en France et veut bouger un peu au Salvador. Un mouvement de foule suit ; Jean, Arthur, Rox, Tristan, Nico et moi partons pour Santa Ana, une ville proche d’un volcan au nord du pays, Martin et Dijo se dirigent vers la cĂŽte salvadorienne pour tĂąter du point break, tandis que Jordi reste au ParedĂłn avec LoĂŻc, son vol retour n’étant que quelques jours aprĂšs. C’est la sĂ©paration, la fin. On trippe quelques jours ensemble Ă  Santa Ana, Ă  scooter, entre volcan, sources d’eau chaude et marchĂ© local, on se touristise. Vous pouvez voir les photos, je raconterai pas ça en dĂ©tail, ça serait chiant. Puis Jean et Rox partent, Tristan retourne au ParedĂłn, Arthur part pour son avion Ă  son tour ; il ne reste que Nico et moi.

C’est le dĂ©but d’une nouvelle Ă©tape encore une fois
 je dis au revoir, ça fait bizarre mais pas tant, puisque la fin se faisait sentir depuis dĂ©jĂ  longtemps. Ils me manqueront, ces personnages


Famille recomposée du Paredón

La flottille

Je suis jamais trop inspirĂ©e pour le titre de mes petits rapports d’aventure, mais celui-ci sonnait naturellement comme une Ă©vidence. C’est le titre d’un chapitre …