
Je suis jamais trop inspirée pour le titre de mes petits rapports d’aventure, mais celui-ci sonnait naturellement comme une évidence. C’est le titre d’un chapitre de voyage à jamais gravé dans mon cœur, un chapitre de vie assez atypique et exceptionnel. Un petit bout de chemin vécu et partagé entre quatre voiliers, plusieurs îles et une communauté flottante, pendant plus d’un mois. La flottille fut.
La dernière fois, je vous ai raconté notre vie en République Dominicaine le temps d’une longue escale terrienne où notre nature de marineros a été mise en veille en même temps que la Joia, le bateau de Jordi, dormait tranquillement au mouillage de Samana. Elle attendait sagement avec ses deux ancres que nous revenions de nos pérégrinations Cabaretoises provoquées par un Barbas sur trois pattes pour mettre le cap, encore et toujours, sur le soleil couchant. En ce début du mois de mars, notre destination, le Guatemala, approche en même temps que le retour en Europe des capt’ains pour refaire leur caisse de bord.
Alors de nouveau et pour encore sonner bien cliché, hissons les voiles vers un pays qui me semblait complètement imaginaire avant que l’on décide concrètement de s’y rendre : la Jamaïque.

5 mars – Cap sur la jamaiiiique !
On a quitté Samana ce matin, il est presque minuit, je vais terminer mon quart.
Vent grand larg, la lune éclaire la mer immaculée de toute terre à l’avant. Derrière, les lueurs de la repdom persistent. La nuit est claire.
Ça fait du bien de reprendre la mer, de sortir de notre sédentarité. Mais je suis pas encore revenue dans l’état d’esprit contemplatif de la nav, transition oblige. En fait j’ai pas trop l’énergie d’écrire, mais je me dois de capturer ces instants qui seront si précieux à ma mémoire plus tard. Je pense beaucoup à comment je percevrai toute cette période, cette aventure plus tard. Qu’est-ce que je retiendrai de ce stop en repdom ? J’étais tellement dans le flou, globalement.
7 mars. Ça y est, je commence à rentrer dans ce mood de nav si spécial. Une bulle où rien n’existe à part ce qui se passe sur le bateau. La Joia se dandine, toujours vent au derrière gonflant sa garde-robe en ciseaux : GV à bâbord, génois à tribord. Aujourd’hui, Arthur a bataillé longtemps pour démêler la ligne ; à peine la jette-t-il qu’on attrape un mahi mahi. Génial. On s’est fait une super bouffe, avocat riz concombre, dorade cuite dans le citron avec une cisaille d’oignons nouveaux, ail, sauce soja… Bref, un bonheur. On a pas mal joué avec jean aujourd’hui, on s’entraîne à faire les Strokes ensemble). On s’est foutus dehors pour jouer sur le pont, vue sur la mer d’un bleu profond. Vraiment de bons moments. C’est super chill, il fait beau, les couchers de soleils sont si longs, on sieste, parfois on est tous les 4 dans le cockpit.





6h20. Jean vient d’aller se coucher après m’avoir apporté un thé pour mon quart. Il est chou. Je suis donc seule avec la mer et la barre dont la roue est trop dure, et un cargo qui glisse silencieusement à bâbord tout près de nous. C’est l’aube derrière moi à l’est. La lune pleine brille encore de mille feux ; elle aura tourné toute la nuit autour de la Joia. Cap plein ouest.
On est en train de passer l’île de la tortue qui colle les terres d’Haïti. Je me pose plein de questions en longeant ce pays qui paraît si dangereux. On a longé toute sa côte sans voir aucune lumière. Néant. Rien pour témoigner d’une présence humaine. Voir ses côtes complétement sombres depuis la mer l’enrobe d’une aura mystérieuse, presque mystique. D’autant plus qu’en regardant la carte, on suppose que ce territoire étriqué et abrité sous le vent de l’île qu’il partage avec la Rep Dom, doit offrir des petits recoins absolument magnifiques. Pauvres pays si beaux dont les peuples souffrent tant. Je pense au Liban.
7h55. Je viens de faire une méditation d’ancrage. Je me sens bien. Le soleil est levé et commence à doucement chauffer mon dos de ses feux.
« Je me sens tellement bien » disait hier Jean en faisant la vaisselle. En ajoutant qu’on était son crew préféré de la Joia. C’est vrai qu’on est vraiment bien. Peut-être que cette nav sera une petite guérison pour moi, de tous ces doutes qui m’ont un peu polluée en Rep Dom. La mer remet les choses en place.
Jour d’après. 15h38. La vie est simple, en nav. Si simple. Pas de dilemme, pas d’organisation à faire, pas de questionnements ou de logistique, pas de déplacement ou de plans. On n’est attendu.es nulle part, personne pour dépendre de soi. Juste être là, maintenant. Barrer, lire, cuisiner, écouter de la musique ou le vent et les voiles, contempler, jouer de la guitare, discuter. C’est si paisible.
Bon, la nav est peut-être propice à ça, aussi. La seule manœuvre du jour consistait à enlever les ris de la grande voile et à descendre un peu le tangon. Sinon c’est chill absolu. Il fait toujours beau. Haïti est encore un peu visible à bâbord derrière ; Cuba à tribord se rapproche et on distingue presque des détails de sa côte. Cap au 240°, toujours en ciseaux ; on suit le vent qui pousse langoureusement le derrière de la Joia pour aller voir ce qui se passe en Jamaïque.
08 mars. 6h16. Le vent parfois tourne ou saute. Je dois me concentrer sur sa sensation dans mon cou pour garder les deux voiles bien bombées. Pas trop à bâbord, la grande voile empannerait. Trop à tribord, c’est le génois qui râle et claque sèchement. Mais bon, il boude même quand il prend la bonne brise ; il apprécie moyen les vagues, aussi petites soient-elles.
La Joia court et court sur la mer des Caraïbes et je la sens accélérer quand l’air s’intensifie. Elle part même au surf parfois. Le clapotis de l’eau est rond, plein et se mêle avec le chuchotement de la mousse écumée par la carène sur la frontière mer- air. Une séparation liquide-gazeux que le chaos d’une présence solide sur la mer fait voler en éclat. La lune à l’ouest est un énorme spot dans cet univers bleu gris sombre et son reflet, d’un argenté liquide.
Et derrière moi, comme toujours depuis trois jours, un chaleureux dégradé du rose au bleu s’intensifie minute après minute. J’ai de la chance, les quarts sont les mêmes chaque jour et je suis tombée sur celui du lever de soleil. Mon moment préféré sur un bateau. De tous petits nuages parsèment l’aube.

Quand est-ce que pour la première fois, un humain a-t-il été suffisamment développé pour constater et exprimer que ce qui l’entourait était beau ? Pour subjectiver cette nature dont la beauté ne demande aucun compliment, aucun commentaire ni jugement, puisqu’elle existe simplement en dépit de tout ?
C’est fou comme mes yeux sont attirés par la lumière de la lune. FfffffflAP le génois. Frchrcht l’écume. Ah, on accélère.
Cuba comme Haïti ne nous ont laissé.es voir aucune lueur cette nuit. Un désert. Pourtant hier on était suffisamment proche de la côte pour distinguer des reliefs. Bientôt, on va voir la Jamaïque ; il ne doit rester qu’une centaine de miles. On arrivera la nuit prochaine. Ça passe trop vite !! J’ai pas envie d’éclater la petite bulle qu’on s’est créée. Tous les jours c’est la même chose : on se dit qu’on a pas pu faire tout ce qu’on voulait. Dur dur. Hier soir pendant mon quart, j’ai mis de la techno à fond sur le gros baffle, les basses provoquant l’univers tranquille, et on a commencé à danser comme des fous. C’était marrant. L’ambiance est vraiment bonne.
Hop je viens de lâcher un petit caca par-dessus bord, en tentant de barrer en même temps. On développe des sacrés skills sur un bateau. De quoi agrémenter mon CV de cette année de césure. « Compétence en pondage extrêmement rapide de perfect pour ne pas perdre le cap ».
8 mars. 23h47. La Jamaïque est toute proche. Je distingue à peine une ombre dans la nuit claire enlunée. On y est presque. La mer est plate, on navigue avec le génois tangonné à bâbord avec une petite brise. Le vent est tombé aujourd’hui. On a eu une bonne pétole en fin de journée, pas un pet d’air. On a descendu la grande voile, on s’est accrochés au génois mais on a fini par l’amener à son tour. Toute la journée les voiles ont claqué de manière assez insupportable, on se faisait trimballer par une houle du sud-est plus profonde que les vagues qui nous poussent avec le vent. Puis plus rien. Plus de voiles. Jordi déambulait à l’intérieur à se demander si on devait mettre le moteur. Mais à quoi bon ? On est pas pressés, et puis moi j’aime tellement la pétole. Tout est calme, la mer se tait avec le vent, le temps et les esprits prennent encore une autre dimension. Tout est paisible, lent. On a tous sauté à l’eau, les garçons tout nus. Puis le soleil s’est couché, tâche rose fuchsia derrière quelques nuages. On était à la dérive, plus personne à la barre. À accepter l’immobilité, d’aller avec le calme. Ça tranquillise les esprits, aussi. Seuls au monde. Puis la lune s’est levée. Rouge, écrasée sur l’horizon. On était tous les quatre sur le pont, à admirer le spectacle silencieux de la lune émergeante et son reflet serpentueux, du miroitement des étoiles sur la mer dense, là dans ce moment si précieux au milieu de la mer plate.



J’ai préparé un dahl – on se battait avec Jordi pour savoir qui de nous deux cuisinait le moins peu. Et la brise s’est levée. Jordi et Arthur ont remis le génois. Et on navigue tranquillement, les petits bruits des flots révélant la petite vitesse de croisière qu’on reprend. Il nous reste quelques 25 miles jusqu’à porto Antonio ou un truc comme ça, le nom de notre mouillage de Jamaïque.

Je me suis tellement habituée aux garçons. On a une super dynamique nous quatre. Je le sens, on passe beaucoup de temps tous ensemble à ne rien faire de spécial. On se marre bien, ils me remplissent. On a une super nav.
J’ai l’impression qu’on est partis il y a bien longtemps. C’est super dur d’essayer de retracer les journées et de se rappeler de l’état de la mer et du vent à tel ou tel moment. Tout se confond dans une osmose, une petite bulle de paix si propre aux navigations. Bon, petite bulle renforcée par nos conditions de nav, super bonnes. J’ai jamais autant navigué en ciseaux, à plat. A l’intérieur, rien ne bouge ou presque. C’était pratique. J’ai l’impression d’avoir oublié à quoi ressemblait un grain ou une nav au près.
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Comme vous l’aurez peut-être constaté, le déroulement des jours est assez confus et en posant ces notes, je me rends compte qu’il n’a aucun sens. C’est bien sûr révélateur de cette torpeur bienheureuse que je décris, cette pause générale de toute considération habituelle et notamment celle du temps. Cette navigation fut la plus belle et grâce à elle, pour toujours je sentirai quelque part en moi ce lien à la Joia et à ses trois mousses caribéens, ainsi qu’une identité, celle de membre spirituel de la Joia.
Jamaïque
Arrivée en Jamaïque au matin. Là-bas, on s’attend à retrouver prochainement Goelhan avec Martin et une nouvelle équipière à son bord, Ellyn, qui sont partis de la Guadeloupe il y a 8 jours pour une grande navigation de sortie des Antilles. On attend aussi la Alegría, bateau de Dijo, avec à son bord Flo et Martin – avec qui je tisserai de super liens. Les arrivées, c’est toujours quelque chose de spécial. On arrive, on se demande où sont les copains et s’ils ont bien visé le même mouillage, on rencontre les premiers habitants de l’île, on fait nos premiers pas à terre, on découvre les paperasses à faire…
Et donc en effet, arrivés au mouillage de Port Antonio à l’est de l’île, on saute à l’eau, assurés grâce au flottement de lointains airs de reggae que nous sommes à la bonne destination. On met pied à terre, Barbas court dans tous les sens (il va vraiment mieux), et on tombe sur notre premier Jamaïcain, qui coche toutes les cases de tous les clichés qu’on peut jamais avoir sur ce peuple. Bracelets fabriqués à partir de bois flotté ramené de la pêche, filet en guise de Tshirt, petites crocs au pieds, couleurs variées fièrement portées et bien sûr, bonnet assez large pour recouvrir ses dreads tombantes ; l’accoutrement du rasta est complet de haut en bas. Je regrette de ne pas avoir de photo pour que vous vous fassiez une meilleure idée de cette personnification de la Jamaïque. Et bien sûr, quand on lui demande son prénom, sa réponse fuse naturellement : « Reggae boy ». En Jamaïque, les gens se font souvent appeler par leur surnom qui provient d’une de leur caractéristique – Dijo qui est petit, se fera appeler « Shortman », tout simplement.
De retour au bateau, l’étape suivante nous fait rapidement déchanter : les papiers. On comprend bien vite que la Jamaïque est extrêmement chiante en ce qui concerne la plaisance. D’abord, on est obligés de remonter l’ancre pour s’amarrer à une petite marina et de la payer en attendant d’être en règle. Ensuite, on l’apprendra plus tard, on doit payer la modique somme de 150 euros pour obtenir un permis de navigation autour de la Jamaïque afin de mouiller dans différents endroits. Encore, Barbas n’est pas accepté à terre en tant que chien étranger ; on nous lâche platement qu’il peut se faire buter s’il est vu à terre, au grand dam de Jordi – mais sitôt sorti de la marina, on fera fi de cette menace et tout se passera bien. Une autre contrainte s’ajoute vite à la liste. Alors qu’on remplit toutes sortes de papiers de douane, un joyeux luron de l’inspection sanitaire débarque dans le bateau. Trigger warning : un passage de ce récit est sur le point d’être dédié à des considérations excrémentales, âmes sensibles s’abstenir. Le Sam nous demande avec un grand sourire si l’on possède une cuve à eaux noires – une cuve à caca en gros, que la plupart des bateaux avec toilettes possèdent et que l’on peut fermer pour que nos déjections ne sortent pas directement dans l’eau. On répond avec un amusement tirant sur une fierté hippie que sur la Joia, le caca, c’est par-dessus bord et qu’on n’a pas de toilettes. Erreur… On est aussitôt informés que pour partir au mouillage n’importe où en Jamaïque, on doit être possesseurs du conteneur merdesque car AUCUNE crotte étrangère n’est tolérée sur le sol du Bob. Interdit donc est de soulager sa vessie dans l’eau salée lors du plongeon du réveil, comme on en a l’habitude naturelle.

Face à ces règles dont la pertinence est largement discutable, on en conviendra, on doit faire preuve d’adaptabilité. C’est une qualité que n’importe quel plaisancier acquiert dans sa vie de marin, dépendante aux situations extérieures, qu’elles soient administratives ou relatives à cette relation symbiotique avec les éléments naturels. Car oui, dans mes mois sur la mer aux côtés de ses amoureux, j’ai maintes fois admiré la capacité de rebondissement et d’improvisation dont les marins sont dotés. Un problème n’est jamais insurmontable, quasiment jamais la fin d’une aventure et rarement une grande préoccupation ; ce n’est jamais qu’un défi à relever, sans qu’il dise son nom, tant ils sont fréquents dans ce type de vie. Et si ce problème ferme une porte, il en ouvre deux fois plus. C’est si inspirant pour moi de voir ces cerveaux travailler à l’unisson pour imaginer une issue de secours qui souvent, passe par un travail manuel. C’est aussi une leçon de vie incroyable que celle de ne jamais avoir le contrôle sur ces évènements et situations. La seule sorte de contrôle qu’on peut avoir, c’est celle de ne jamais les voir comme quelque chose de rédhibitoire.
Ainsi donc notre première journée sur le sol jamaïcain prit un tout autre tour. Nous partons alors en ville en quête d’un stratagème qui nous laissera le champ jamaïcain libre dans cette histoire de toilettes. En marchant, je ris de cette situation ubuesque. Ce matin, notre préoccupation était de savoir si on laissait la grande voile ou non, car elle flappait à cause du manque de vent. Cet après-midi, elle est de trouver un conteneur qui peut crédiblement contenir nos déjections – bien qu’évidemment, à aucun moment on ne prévoit de le remplir. C’est absurde. C’est la vie de bateau.
On tombe rapidement sur le dénommé Patrick, un Jamaïcain qui aime le contact avec les touristes et naturellement poussé à les aider, avec échange monétaire éventuel. Patrick, sacré Patrick. Il me fait penser parfois à Jah My (cf. épisode en Guadeloupe) dans son ambivalence, son entièreté et son attrait authentique pour l’altérité culturelle. Patrick a une histoire particulière et un problème de santé aux reins lui aurait ôté la vie si un Allemand rencontré de la même manière que nous n’avait pas remué ciel et terre pour trouver de quoi lui payer une opération, quelques années auparavant. Bref, Patrick accepte de nous prêter une sorte de gros bidon en plastique qui lui sert de placard à vêtements, le temps de l’inspection sanitaire de nos toilettes sèches improvisées. On finit dans son chez lui, cabane pittoresque qui ne paye pas de mine, à discuter et à par la même occasion, faire nos premières observations du pays.

La Jamaïque est un pays où le reggae ne s’arrête jamais. Ça n’est pas une légende, Bob Marley résonne sans cesse et je me délecte de cette identité musicale qui me manquait depuis les Antilles françaises – la bachata… j’ai eu ma dose. Pareillement, la beuh, légalisée, est omniprésente. Les effluves de la marijuana sont partout et ça roule des joints à chaque coin de rue. Une bonne partie de la flottille se laissera aller à ces plaisirs qui conditionneront l’inertie et le flottement de notre première escale en Jamaïque. Les galères d’obtention du laisser passer pour d’autres mouillages et ladite herbe étendront notre séjour à Port Antonio à une dizaine de jours sans trop d’activité. Et moi, je me détache assez de cette coutume jamaïcaine, n’aimant pas tomber dans cette léthargie diluant la journée dans une déambulation sans objectif. Mais legalize it <3.
Les Jamaïcain.es laisseront un sentiment moins unanime dans notre équipe. Jean et Jordi sont nostalgiques de l’allégresse et la gentillesse des Dominicains. C’est vrai que les sourires sont moins fréquents et qu’une forme de vivacité tirant sur de l’agressivité peut se faire ressentir en Jamaïque. On ressent plus facilement qu’on est des touristes blancs avec des éventuels portes-monnaies garnis. Pareil, c’est moins facile en tant que femme : les individus bien relous avec un trop plein de testostérones se font plus fréquents. Et encore, on était peut-être dans l’endroit le plus chill de Jamaïque. Je suis moins critique que mes compères sur ce nouvel environnement mais me fais quand même moins enthousiaste.





Bref. Goelhan arrive peu après notre arrivée, je suis super contente de retrouver Martin qu’on n’a pas vu depuis un bon mois. La Alegría est là elle aussi, et je suis heureuse de pouvoir découvrir Martin et Flo. Les arrivées sont progressives, les effusions des retrouvailles se font joyeuses, on part faire une fête dans un bar dans la jungle en haut d’une colline. Aussi, rester dans la marina deux nuits à notre arrivée en attendant de régler la problématique toilettes sèches, nous amène à rencontrer des voileux d’autres horizons. C’est chouette, ça faisait longtemps et ça me fait penser à la seule fois où j’étais au port pendant mon aventure marine, à la Corogne, avec Adishatz. Houla houp, je sors mon micro et mon trépied, et je pars interviewer Chipman, un vieux loup de mer canadien sur son grand monocoque qu’on avait croisé en mer pour arriver ici.
Une autre rencontre aura toute son importance pour la suite du périple. Alors dans la queue pour retirer des sous, je repère un gringo de la cinquantaine à l’air franc et détendu, le teint hâlé par le soleil et les traits creusés par le sel. Lui, c’est un marin, j’en suis sûre. Et peut-être un Français, tiens. Ni une ni deux je vais lui causer. Mes intuitions se révèlent juste. J’ai en face de moi Laurent, capitaine aux milles histoires du Mojo à l’équipage exclusivement belge : Loïc le bateau-stoppeur (qu’apparemment j’aurais croisé en Martinique), Némo le jeune filou et bientôt Margot, sa copine venue le rejoindre. Cette petite troupe charismatique est également fraichement arrivée de Cuba après une pétole carabinée, et amarrée tout près de nous à la marina. Je m’attache très rapidement à eux et il se trouve qu’on a les mêmes plans de navigation : Laurent aussi entend mettre les voiles jusqu’au Rio Dulce et laisser son bateau là-bas pour rentrer en Europe jusqu’en décembre – dessein qui est en fait celui de nombreux plaisanciers caribéens, profitant de l’hiver exotique des îles.Notre histoire de toilettes sèches se fait vite connaitre, et le Mojo aussi doit suivre notre procédure bricolée pour se mettre en règle et filer au mouillage. Les voir progressivement s’intégrer dans notre flottille souffle un vent de fraicheur dans notre dynamique un peu molle de Port Antonio.



On reste une semaine environ là-bas, avec une excursion tous ensemble dans les montagnes de la Jamaïque dans lesquelles on produit du café – Blue Mountain.

Je découvre une flore différente des autres îles, on se baigne dans une rivière magnifique où je saute de pierre en pierre, bordée de fleurs aux parfums exquis, que je m’empresse de goûter. On part aussi surfer les vagues jamaïcaines dans une baie magnifique où on pèche la langouste, qu’on cuisine chez Patrick.

Une autre fois, je pars seule en stop découvrir un peu d’autres endroits de l’île. Je me balade dans des champs de bananiers et tombe sur des travailleurs. Je propose de les aider avec un grand sourire, ce qui les fait bien marrer ; une femme blanche au travail ici ? J’insiste et j’insiste, alors je me retrouve à remplir des cartons de bananes et à les charger dans un camion. Le propriétaire de la ferme me raconte son quotidien – qu’il vit depuis une trentaine d’année, c’est dingue. Ils sont très cool, et ravie de cet échange, je rentre aux bateaux avec un carton de bananes pour la commu.



Ah oui. Ellyn, la coéquipière de Martin, part en Colombie et je me retrouve dans une position assez inconfortable ; j’étais décidée à rester avec la Joia, mais je me vois « obligée » de retourner sur Goelhan, pour ne pas laisser Martin seul et surtout pour les nav. Bien sûr, c’est loin d’être une corvée, vue la description que je vous ai déjà faite du personnage. Mais le fait de ne pas avoir vraiment le choix me frustre beaucoup d’autant plus que nos rapports ne sont pas au top de notre histoire relationnelle avec Martin. Encore une fois, c’est mon statut flou entre bateau-stoppeuse, membre de l’aventure et amie qui rend mes « duties » pas toujours claires. Bref, c’était la moindre des choses que je retourne sur Goelhan mais à ce moment-là de l’aventure, ça n’était pas mon désir et ça m’a posé questions ! Et être partagée entre deux bateaux, ne pas savoir lequel aider pour des préparatifs de départ ou des courses, c’est assez inconfortable.
Finalement, on met les voiles pour un deuxième mouillage de Jamaïque : Oracabessa. Le Mojo nous a précédé d’un jour, et on arrive pile poile pour l’apéro avec la Joia et la Alegría. D’ailleurs, Dijo, Flo et Martin accueillent Patrick à bord pour cette petite nav !! Quel bonheur de retrouver les copains belges à l’arrivée et de se voir accueillir par des bananes puis des bières ensemble. A nos quatre bateaux, on occupe presque toute la minuscule baie qui nous oblige à mouiller tous proches les uns des autres. Encore ce sentiment d’exclusivité offert par ce mode de vie/voyage/transport.





Là-bas, des choses notables à partager, on improvise un petit concert de reggae à deux guitares avec Jean dans un bar/billard où on se fait payer des bières, on se balade vers une rivière, j’apprends que je dois bricoler une lettre de motiv pour un master 2 en septembre prochain en une journée avant de quitter la Jamaïque, et puis voilà, c’est très vite le départ, en fait.

Départ… Départ qui nous rapproche du point final. Mais qui ne nous y amène pas encore. Des discussions rythmées des trois capitaines émerge une destination nouvelle pour fractionner la route jusqu’au Guatemala : Guanaja, une petite île du Honduras à quelques cinq jours de voile.
Cap sur Guanaja
Depuis Oracabessa, on lève l’ancre, les quatre bateaux à l’unisson. On est le 23 mars. Le Mojo a décidé de nous suivre dans notre périple et notre flottille de quatre beaux voiliers est consacrée. Nous sommes douze, et moi je pars sur Goelhan avec Martin. L’ambiance n’est pas à son comble entre nous, d’autant plus qu’il est malade comme un chien, avec des douleurs intenses aux reins.
De nouveau, je vous partage des extraits de mes notes, qui restent crus et sincères sur ce que j’ai vécu et ce qui m’a traversée.
23/03. Mon corps est baigné de soleil. Mes yeux, aussi. Mon bob a du tomber à l’eau. Je l’aimais bien, c’est dommage. Mais j’apprends à considérer ma possession des objets comme éphémère : je perds tout et tout s’envole sur les bateaux. En témoignent ma adidas, mon t-shirt et tant d’autres choses qui tapissent le fond de Port Antonio.
24/03. C’est parti pour une navigation éternelle. La Jamaïque va bientôt disparaitre à bâbord. Le vent nous pousse de derrière, un peu trop nord, mais c’est pas plus mal pour éviter le dévent de l’île. Au moins y’a du vent : cette nuit c’était bien chiant, il tombait à 5 nœuds et les voiles claquaient dans les vagues. On avançait a moins de deux nœuds. Dans d’autres contextes, ça m’aurait pas dérangée, mais là… Si. C’est un peu la première fois que j’ai hâte d’arriver. Comme si je m’étais habituée à la magie de la navigation et de la mer. C’est triste non ?
Peut-être que je suis vraiment fatiguée aussi. J’ai la flemme de tout. Cuisiner, bouger du cockpit, ranger, écrire… La flemme. Juste lire Moitessier qui lui, ne déconnecte jamais de cet enchantement qui le fait vibrer avec le vent.
« Mais qu’est-ce que le tour du monde quand l’horizon est éternel ? »
« Et c’est ça qui compte, ce qui reste quand on ne se souvient presque plus. »
« Libre pour le moment… Mais plus personne ne le sera si les choses continuent sur la même pente. Elles sont déjà inhumaines. Alors il y a ceux qui partent sur les mers, ou sur les routes, pour chercher la vérité perdue. »
19h. La Alegría ne répond pas à l’appel de la VHF. On est bel et bien coupés du monde. La Jamaïque a disparu aujourd’hui. Je commence à faire des calculs pour savoir quand on arrivera. D’après moi, en prenant une estimation de vitesse un peu pourrie on arrivera mardi soir. 5,6 jours de nav, ouais.
C’est la dernière grosse que je fais dans les Caraïbes.
La lune dessine un quartier souriant. Elle croît. Hier j’ai même pas pris le plaisir d’observer les étoiles, tellement j’étais épuisée.
Martin est vraiment malade… Je sais pas quoi faire pour lui. Il est sous tramadol et traîne tout son corps. Il ne pêche pas. Il dort toute la journée quand il ne regarde pas de film. Il est mal. Je me sens impuissante. Il mange même plus !
Bon du coup, c’est vraiment une navigation solitaire.



Le vent augmente un petit peu, notre vitesse aussi. On fait des bons surfs, mais on se déplace pas mal en crabe. La lune dessine un beau sourire blanc sous la boule sombre du reste de sa face visible. Sous elle, bien en place, une planète. C’est Venus, selon Stellarium*. Hier j’ai découvert la constellation du loup que je n’avais jamais encore vue. J’écoute Rone dans mon casque, habitude devenue rare quand on vit en communauté.
*Une application pour observer les étoiles et les constellations. Try it !
25/03 9h. Je regarde de moins en moins Navionics. Pas besoin de ça pour être sûre qu’on avance peu et qu’on arrivera tard. Le vent est trop faible, c’est chiant. Est-ce que les autres ont les mêmes conditions ? Qu’est-ce qu’ils font, qu’est-ce qu’ils mangent ? Ici pas grand-chose, le chef est bien dans le mal. Je le plains mais de l’autre côté j’en ai marre de cette ambiance maussade.
15h26. Les heures s’étirent. Peut-être qu’il faut passer un seuil, comme pendant la retraite bouddhiste. Un seuil à partir duquel tout ce qui te nourrit c’est le rien.
Martin a vomi, ce matin. Le pauvre. Moi… Moi, pas grand-chose. Je dors aussi, beaucoup. Je fais à manger, vite fait pour ne pas le déranger. Je prends des bains de soleil, très longs. Je sens toute sa chaleur me pénétrer. Je me lave à l’eau de mer puis je reste longtemps à sécher au soleil en culotte sur le pont.

J’ai fini Moitessier. Quelle poésie, quel fou. Il y a quelques mois, je me sentais presque capable de faire ce qu’il a fait, je parle d’être seule autant de temps sur un bateau d’un point de vue psychologique. Maintenant je crois que non.
26/09 11h30. Le vent a forci, plus de 20 nœuds. Le bateau se débat un peu dans la houle, le pilote saute de temps en temps. Je suis assez fatiguée, j’ai passé quasi toute la nuit dehors à me réveiller toutes les 25mn.
Il faudrait vraiment que je médite mais je me sens trop fatiguée pour. Idem pour le taff, je voulais écrire plein de choses mais je suis claquée, ça bouge trop. J’ai vraiment hâte qu’on arrive, c’est si dommage… Moi qui normalement ne demande qu’à une navigation sans fin.
Les conditions me tendent un peu, aussi. Et je comprends pas mais vraiment, pourquoi est-ce que Goelhan avance aussi peu vite dans autant de vent. On dépasse quasi pas les 5 nœuds ! * Il reste 260 miles. J’espère qu’on arrive le 28… Je suis déçue de ne pas éprouver trop de plaisir pour cette dernière grande nav. Pourtant la mer est belle, étincelante sous le soleil et puissante avec le vent. Elle m’arrose parfois.
*Les autres auront eu le même problème… Probablement du courant qu’on avait dans la face.
~
Bref, voilà brièvement la bulle dans laquelle j’évoluais avant d’arriver à Guanaja. On y arrivera le 28 mars, la veille de l’anniversaire de Martin, qui se remet péniblement de son mal étrange. La dernière nuit sera intense, avec des pointes de vent à 30 nœuds, un petit problème de latte de grande voile qui se coince dans un lazy jack en prenant un autre ris dans la grande voile qui oblige Martin à grimper au mat dans la nuit sur une mer agitée… Pas de quoi s’ennuyer, quoi. C’était une nav un peu plus difficile. Je vis globalement une navigation solitaire pleine de questionnements, que je subis un peu au lieu de l’apprécier pleinement, en ayant hâte de l’arrivée. Je pense pas mal à mes petits mousses de la Joia, aussi. Et être à seulement deux sur un bateau, forcément, le temps est plus long. Mais au moment où j’écris ces lignes (10 mai), j’ai un autre ressenti de cette période ; elle m’a certes été un peu dure, mais aujourd’hui je la considère surtout comme des jours de mer : une expérience extrême et toujours différente mais toujours profondément belle. Aussi, je me rends vraiment compte pendant ces jours qu’en navigation, on est dans un état second. On dort très discontinuellement, on dort ensemble, on mange à n’importe quelle heure… Entre la survie et la jouissance. C’est ces paradoxes qui me font aimer tant la voile depuis le début. Mais d’ailleurs, cet état second est amplifié si les conditions sont mauvaises et globalement, quand je repense à nos navigations dans les Caraïbes, on a eu des conditions super chill, et toujours le vent dans le dos à partir de la Rep Dom.
Guanaja
Guanaja. On y arrive et on sait en approchant des côtes que ça sera incroyable de beauté. On commence à en avoir fait pas mal, des mouillages paradisiaques, oui, mais celui-ci…
A l’approche de la baie, on voit la Joia au loin, ils sont arrivés ! La VHF chauffe. « Alegría pour Goelhan, Alegría pour Goelhan… » Dijo !! C’était donc eux, le petit triangle blanc qu’on voyait sur l’horizon derrière nous depuis quelques heures. Incroyable ! On arrive en même temps ! L’excitation monte. La question se pose de comment rentrer dans la baie, avec tous les coraux qui trainent, mais Navionics dit bien qu’il y a assez de fond, let’s go straight… Martin à la barre me demande d’aller à la proue pour checker les patates. Mais bientôt, panique, il y en a partout, je veux bien que l’eau soit super transparente mais les caillasses ont l’air vraiment proches. La quille va toucher !! Faut qu’on se casse, n’ai-je pas le temps de réaliser. Je lève la tête, et qui vois-je ? Jordi-rastas, sur une lancha (une barque à moteur) avec deux Honduriens qui vient à notre rencontre et qui nous fait des grands signes pour faire demi-tour. WTF ? Jordi grimpe sur Goelhan et nous confirme de rebrousser chemin, qu’il y a une passe pour rentrer et qu’eux aussi ont failli se crasher comme nous. Ah bon. Pas merci Navionics. On prévient la Alegría et on fait tout le tour, Martin à la barre, Jordi sur Navionics, moi à la proue.
Puis c’est Guanaja qui s’offre à nous, au coucher de soleil. On voit les copains sur le Mojo à côté duquel on mouille, les plages ont l’air tout bonnement incroyables. C’est les retrouvailles, on rit, on se raconte nos nav, ça parle bateau dans tous les sens, la Alegría a déchiré sa grande voile dans la nuit agitée de la veille, mais regarde le poisson qu’on a pêché hier, ah nous on a fait tel plat, ouff moi je suis trop vieux pour ces rafales de 30 nœuds (Laurent, ça, haha). J’adore ces moments de nos réunions exaltées après du temps sur la mer.







Guanaja, vie douce. Notre escale dure quatre jours. L’île est vraiment peu peuplée, pas énorme, pas grand-chose dessus. Quatre jours où nos activités se résument à pêcher, faire des feux sur la plage le soir pour griller la récolte, faire un petit tour au village le plus proche, se balader vers des rivières… On fête aussi les 30 ans de Martin en organisant une fête sur la plage où on fait un feu et on invite nos quelques voisins de mouillage, notamment des vieux allemands qui naviguent un cata à deux mats exceptionnel qu’ils ont construit eux-mêmes pendant 7 ans en France.




On continue à se découvrir les uns les autres, toujours. J’ai du mal à m’extraire de la dynamique de groupe et à faire abstraction de ce que chacun fait, je suis ultra-stimulée – parfois trop et je me retrouve plus. En tous cas on est bien sur cette île, en tribu.
29/03. Il est 3h. Tout le monde est sur son bateau, je suis sous la nuit noire et les étoiles. La lune s’est couchée. La mer est pleine de planctons, la plage aussi. On marchait pour rentrer de la plage où on a dîné de beaux poissons pêchés par Jean Jordi et Martin, et le sable s’illuminait de temps à autres sous nos pieds. Les lumières des lucioles s’y confondaient. Au retour en dinghy, tout le sillage brillait de bioluminescence.
Le décor fait la magie, apporte une énergie spéciale qui modèle notre humeur. Marcher à la cascade, au village, pieds nus. Prendre une lancha pour snorkeler au reef. Pêcher. Boire des cocos. C’est doux la vie ici sur Guanaja.
01/04. C’est la nuit sur Guanaja. Les montagnes noires se découpent sur le blanc de la fine plage illuminée par la lune. Pas de bruit si on oublie le générateur d’un bateau touriste. Quelques lumières subsistent sur la Alegría. La Joia, le Mojo, ca dort. Eh oui, demain c’est le départ de cette petite île de paradis. A grand regret : tellement de choses que j’ai pas pu faire à cause de l’énergie du groupe. Je m’en nourris mais peut-être mal, c’est excessif parfois.
Pour la première fois, j’ai pas envie de naviguer. Pas du tout dans ce mood là, je sens un décalage. Je me sens un peu comme une enfant en goûter d’anniversaire qui veut pas partir mais que ses parents ramènent de force à la maison car la vie continue.
On va voir… Mais je suis pas dans cet état d’esprit d’arriver au Guatemala. J’étais bien ici.
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Voilà, c’est reparti. On connait le process, les préparations du départ, aller chercher de l’eau pour remplir les tanks, faire quelques courses, prendre la météo, organiser le prochain rendez-vous après la nav… En l’occurrence, seulement un jour et demi de mer nous sépare du Guatemala. Pas mal d’inconnues pour cette arrivée, qu’on doit faire de jour puisqu’il n’y a presque pas de fond pour atteindre Livingston, ville protectrice de l’entrée du fameux Rio Dulce. Il y a bien un canal praticable à marée haute, mais à partir de 2 mètres de tirant d’eau (de hauteur de quille), c’est chaud pour les bateaux. Nous sur Goelhan, pas trop de soucis, mais la Joia devra sans doute se faire pencher par des lanchas pour pouvoir passer avec une quille en biais, opérations que les Guatémaltèques ont l’habitude de réaliser.


Je vous laisse là, à la fin de notre aventure caribéenne, et à la veille d’une transition mer / terre qui se fera au Rio Dulce. Je garde le récit de notre incroyable arrivée au Guatemala pour la prochaine fois. Quelles aventures, quelle évolution rapide ! Au début de ce récit, on quittait l’île dominicaine avec la Joia et la Alegría pas très loin. Et là déjà un mois plus tard, le Guatemala tend les bras à nos quatre embarcations. Et trois mois plus tard, j’arrive enfin à trouver le temps de raconter cet épisode. A bientôt…
P.S. : Je ferai bientôt une udpate en ce qui concerne mon projet initial que certain.es d’entre vous avaient sponsorisé à mon départ, et qui a été bien modifié dès le départ.
Écrit depuis le Salvador.